D’où proviennent les maladies ?, n’importe qui, je pense, peut s’en rendre compte. p179
1) La mobilité déstabilisante des 4 éléments
1ere classe de maladies : le désordre des éléments
Comme il y a quatre genres qui entrent dans la composition des corps,
la terre, le feu, l’eau et l’air, lorsque, contrairement à la nature, ils sont en excès ou en défaut, ou qu’ils passent de la place qui leur est propre dans une place étrangère, ou encore, parce que le feu et les autres éléments ont plus d’une variété, lorsque l’un d’eux reçoit en lui la variété qui ne lui convient pas, ou qu’il arrive quelque autre accident de cette espèce, c’est alors que se produisent les désordres et les maladies.
Lorsqu’en effet un genre change de nature et de position, les parties qui auparavant étaient froides deviennent chaudes, celles qui étaient sèches deviennent humides par la suite, celles qui étaient légères ou pesantes deviennent le contraire, et elles subissent tous les changements dans tous les sens.
Le conservatisme de l'organisme
En fait nous affirmons que c’est seulement lorsque la même chose s’ajoute à la même chose ou s’en sépare dans le même sens, de la même manière et en due proportion, qu’elle peut, restant identique à elle-même, demeurer saine et bien portante.
2) Le dérèglement
Ce qui manque à une de ces règles, soit en se retirant d’un élément, soit en s’y ajoutant, produira toutes sortes d’altérations, des maladies et des destructions sans nombre.
2eme classe de maladies, la corruption des compositions
Mais comme il y a aussi des compositions secondaires formées par la nature, il y a une seconde classe de maladies à considérer par ceux qui veulent se rendre maîtres de la question.
Puisqu’en fait la moelle, les os, la chair et les nerfs sont composés des éléments nommés plus haut et que le sang aussi est formé des mêmes éléments, quoique d’une autre manière, la majeure partie des maladies arrivent comme il a été dit précédemment, mais les plus graves qui puissent nous affliger nous viennent de la cause que voici :
c’est que ces compositions se corrompent, quand elles se forment à rebours de l’ordre naturel.
les chairs et les nerfs naissent du sang :
En effet, dans l’ordre naturel, les chairs et les nerfs naissent du sang, les nerfs des fibres auxquelles ils ressemblent, et les chairs du résidu qui se coagule en se séparant des fibres.
Des nerfs et de la chair naît à son tour cette matière visqueuse et grasse qui sert à la fois à coller la chair à la structure des os et à nourrir et faire croître l’os qui enclôt la moelle, tandis que l’espèce la plus pure, la plus lisse et la plus brillante des triangles, filtrant à travers l’épaisseur des os, s’en écoule et en dégoutte pour arroser la moelle.
Quand tout se passe ainsi, il en résulte le plus souvent la santé ;
la maladie, dans le cas contraire.
La maladie :
En effet, quand la chair se vicie et renvoie sa putréfaction dans les veines, elles se remplissent alors, en même temps que d’air, d’un sang abondant, de composition variée, dont les couleurs et l’amertume sont très diverses, ainsi que les qualités acides et salées, et qui charrie de la bile, des sérosités et des phlegmes de toute sorte.
Car toutes ces sécrétions qui se font à rebours de la règle et sont le produit de la corruption commencent d’abord par empoisonner le sang lui-même, et sans fournir désormais aucune nourriture au corps, se répandent partout à travers les veines, sans garder l’ordre des révolutions naturelles.
Elles sont ennemies entre elles, parce qu’elles ne tirent aucune jouissance les unes des autres, et en guerre ouverte avec les éléments constituants du corps qui restent à leur poste ; elles les corrompent et les dissolvent.
Quand ce sont les parties les plus anciennes de la chair qui se décomposent, comme elles sont difficiles à pourrir, elles noircissent à cause de la combustion prolongée qu’elles ont subie, et, devenues amères par suite de leur corrosion complète, elles attaquent dangereusement toutes les parties du corps qui ne sont pas encore gâtées, et tantôt le noircissement, au lieu d’amertume, s’accompagne d’acidité, quand la substance amère s’est amenuisée davantage ; et tantôt la substance amère, trempée dans le sang, prend une couleur plus rouge, et, si elle est mêlée au noir, une couleur verdâtre. Enfin la couleur jaune se mêle à l’amertume, quand de la chair jaune est dissoute par le feu de l’inflammation.
Classification des humeurs
Toutes ces humeurs portent le nom commun de bile, qui leur a été donné ou par des médecins ou par un homme capable d’embrasser du regard un grand nombre de cas dissemblables et de discerner en eux un genre unique digne de servir de dénomination à tous.
Des autres humeurs qui passent pour être des variétés de la bile, chacune se définit d’après sa couleur spécifique.
La sérosité qui vient du sang est une lymphe douce ;
celle qui vient de la bile noire et acide est maligne,
quand sous l’action de la chaleur elle est mélangée avec une qualité saline ; en ce cas, elle prend le nom de pituite acide.
Il y a aussi le produit qui résulte de la décomposition d’une chair neuve et tendre avec le concours de l’air.
Ce produit, gonflé par l’air, est entouré d’humidité et, de ce fait, il se forme des bulles qui sont invisibles une à une à cause de leur petitesse, mais qui, réunies ensemble, font une masse visible qui offre une couleur blanche due à la naissance de l’écume. C’est toute cette putréfaction d’une chair tendre, où l’air se trouve mélangé, que nous appelons la pituite blanche.
La lymphe de la pituite nouvellement formée donne la sueur, les larmes et toutes les autres sécrétions par lesquelles le corps se purifie tous les jours.
Or toutes ces humeurs sont des facteurs de maladies, quand le sang ne se remplit pas de nourriture et de boisson comme le veut la nature,
mais accroît sa masse d’aliments contraires, en dépit des lois de la nature.
Lorsque les différentes sortes de chair sont déchirées par les maladies, mais gardent leurs bases, la virulence du mal ne se fait sentir qu’à demi, car il peut encore se réparer aisément.
Mais, lorsque ce qui lie les chairs aux os tombe malade, et que, séparé à la fois des fibres et des nerfs, il cesse de nourrir l’os et de lier l’os à la chair, mais que, de brillant, de lisse et de visqueux, il devient, en se desséchant, par suite d’un mauvais régime, raboteux et salin, alors toute la substance qui subit ces altérations s’émiette et revient sous les chairs et les nerfs, en se séparant des os ; et les chairs, se détachant de leurs racines, laissent les nerfs à nu et pleins de saumure, tandis qu’elles-mêmes, retombant dans le cours du sang, aggravent les maladies mentionnées précédemment.
Mais, si graves que soient ces affections du corps, plus graves encore sont celles qui les précèdent, quand la densité de la chair ne permet pas à l’os de respirer suffisamment, que la moisissure l’échauffe et le carie, qu’au lieu d’absorber sa nourriture, il va s’effriter au contraire lui-même dans le suc nourricier, que ce suc va dans les chairs, et que la chair tombant dans le sang rend toutes les maladies plus graves que celles dont nous avons parlé plus haut.
Mais la pire de toutes, c’est quand la substance de la moelle souffre d’un manque ou d’un excès d’aliments. C’est la cause des maladies les plus terribles et les plus capables d’amener la mort ; car alors toute la substance du corps s’écoule à rebours.
3 eme espèce de maladies
Il existe encore une troisième espèce de maladies, qu’il faut concevoir comme provenant de trois causes, à savoir de l’air, de la pituite et de la bile.
Air
Lorsque le poumon, qui est chargé de dispenser l’air au corps, est obstrué par des mucosités et n’a pas ses passages libres, et qu’alors l’air ne va pas dans certaines parties et pénètre dans d’autres en plus grande quantité qu’il ne faut, d’un côté, il fait pourrir celles qui n’ont pas de ventilation, de l’autre, il pénètre par force dans les veines, les distord, dissout le corps et se trouve intercepté dans le milieu du corps où est le diaphragme.
Ainsi naissent fréquemment des milliers de maladies douloureuses accompagnées de sueurs abondantes.
Souvent aussi, quand la chair s’est désagrégée dans le corps, il s’y introduit de l’air qui, n’en pouvant sortir, occasionne les mêmes douleurs que l’air qui entre du dehors.
Ces douleurs sont particulièrement grandes, quand l’air, entourant les nerfs et les petites veines qui sont là, se gonfle et imprime aux muscles extenseurs et aux tendons qui y adhèrent une tension en arrière.
C’est de la tension ainsi produite que les maladies qui en résultent ont reçu le nom de tétanos et d’opisthotonos. Elles sont difficiles à guérir ; en fait, elles se terminent le plus souvent par un accès de fièvre.
Pituite (une des 4 humeurs : la pituite prédominerait pendant l'hiver, la bile pendant l'été, l'atrabile en automne, et le flegme faisait le flegmatique ! pour Hippocrate)
La pituite blanche est dangereuse, si l’air de ses bulles est intercepté. Si elle trouve un exutoire à la surface du corps, elle est relativement bénigne, mais elle tachette le corps en produisant des dartres blanches, des dartres farineuses et d’autres accidents similaires. Mêlée à la bile noire et répandue sur les circuits les plus divins, ceux de la tête, elle en trouble le cours, plus bénigne, si ce désordre a lieu pendant le sommeil, plus difficile à chasser, quand elle attaque des gens éveillés.
Comme c’est une maladie de la substance sacrée, elle est très justement appelée le mal sacré (l'épileptie, mal envoyé parles Dieux).
La pituite aigre et salée est la source de toutes les maladies catarrhales ; mais elles ont reçu les noms les plus variés, suivant les diverses parties où la fluxion s’épanche.
La bile et les Inflammations p186
Toutes les inflammations du corps, ainsi appelées de la brûlure et de la chaleur qui les accompagnent, sont causées par la bile.
Quand la bile trouve une issue au-dehors, elle produit, par son bouillonnement, des tumeurs de toute sorte ;
quand elle est confinée à l’intérieur, elle occasionne une foule de maladies inflammatoires, dont la plus grave a lieu lorsque, mêlée au sang pur, elle détourne de leur place les fibres, qui ont été distribuées dans le sang, pour qu’il garde une juste proportion de ténuité et d’épaisseur, de peur que, liquéfié par la chaleur, il ne s’écoule par les pores du corps, ou que, trop épais et difficile à mouvoir, il ne circule difficilement dans les veines.
Cet heureux équilibre, c’est la fibrine qui le conserve grâce à sa structure naturelle. Même quand le sang est mort et qu’il se refroidit, on n’a qu’à rapprocher les fibres les unes des autres, pour que tout ce qui reste de sang s’écoule au travers. Si, au contraire, on les laisse en état, elles coagulent rapidement le sang avec l’aide du froid environnant.
Telle étant l’action des fibres dans le sang, la bile, qui par son origine est du vieux sang, et qui se fond de nouveau de la chair dans le sang, quand, chaude et humide, elle y pénètre d’abord en petite quantité, se congèle alors sous l’influence des fibres et, ainsi congelée et éteinte par force, elle produit à l’intérieur du froid et des frissons.
Quand elle coule dans le sang en plus grande quantité, elle maîtrise les fibres par sa propre chaleur et, par son bouillonnement, les secoue et y jette le désordre, et, si elle est assez puissante pour les maîtriser jusqu’au bout, elle pénètre dans la substance de la moelle et, en brûlant, dissout les liens qui y attachent l’âme, comme les amarres d’un navire, et la met en liberté.
Si, au contraire, la bile est en moindre quantité et que le corps résiste à la dissolution, c’est elle qui est maîtrisée, et alors, ou bien elle s’échappe par toute la surface du corps, ou bien, refoulée au travers des veines dans le thorax ou dans le bas-ventre, elle quitte le corps comme un banni s’échappe d’une ville en révolution.
Elle produit alors des diarrhées, des dysenteries et toutes les maladies analogues.
Ainsi, quand l’excès du feu est la principale cause des maladies du corps, il produit des inflammations et des fièvres continues,
tandis que l’excès d’air amène des fièvres quotidiennes,
et l’excès d’eau, des fièvres tierces,
parce que l’eau est plus lente que l’air et que le feu.
Quant à l’excès de terre, la terre étant le plus lent des quatre éléments, il lui faut une période de temps quadruple pour se purifier et elle engendre des fièvres quartes dont on se débarrasse difficilement.
Voilà comment se produisent les maladies du corps.
Voici comment celles de l’âme naissent de nos dispositions corporelles.
Il faut admettre que la maladie de l’âme est la démence.
.....
|